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Newsletter – Septembre 2018


Cette nouvelle édition du site Jacques Sternberg l’Iconoclaste est consacrée à deux ouvrages, pas tout à fait inédits mais assurément introuvables de nos jours, à moins de passer quelques temps à la Bibliothèque Nationale ou autre endroit ténébreux, là où le savoir est conservé :

· Une pièce de théâtre : L’Écluse ou « Midi moins cinq »

· Un numéro spécial de la revue Problèmes entièrement consacré au dessin d’humour

Ces deux ouvrages sont accessibles dans le site au chapitre INEDITS





Denis Chollet a écrit une invitation à la lecture pour chacun de ces livres, à lire ci-dessous.

L’Écluse ou « Midi moins cinq »

Jacques Sternberg et le théâtre : un rendez-vous manqué.

Il devait être du nombre des épigones du Théâtre de l’Absurde, compagnon de route des débuts de Ionesco, auteur aux éditions de Minuit et donc voisin de catalogue de Beckett, Pinget, Vian (réédition de L’Automne à Pékin), héritier d’un Surréalisme hétérodoxe par sa littérature éditée chez Eric Losfeld, dialoguiste pour Alain Resnais à l’occasion d’une collaboration unique … son œuvre pour la scène est méconnue, inconnue.

En préface à l’édition de deux pièces, Kriss l’emballeur et Une soirée comme une autre (éditions Bourgois, 1979), le metteur en scène Jean-Pierre Miquel rappelait l’inconscience dont lui-même avait fait preuve lors de la représentation de C’est la guerre, monsieur Gruber au théâtre de l’Odéon en 1973. Jacques Sternberg n’avait pas franchi les étapes que franchissent habituellement les dramaturges et le public parisien n’a pas admis qu’il soit propulsé du jour au lendemain sur l’une des plus importantes scènes de la capitale.

Le rendez-vous manqué par excellence fut celui de la représentation de L’Écluse. Cette pièce co-écrite avec le dessinateur humoriste Ylipe (l’une des découvertes de la revue Bizarre), mise en scène par Jean-Baptiste Thierrée (futur lauréat lui aussi d’un prix de l’Humour noir) fut interdite de représentation suite à une plainte déposée par Ylipe, son nom n’étant pas imprimé sur l’affiche. Nous étions en 1963, date de la publication en France de l’essai magistral de Martin Eslin sur le théâtre de l’absurde.

L’Écluse, est une pièce en un acte et un tableau. Le lieu où sont réunis les personnages est un espace d’habitation évoquant un puits avec en fond le décor des vannes où domine le « père aîné ».

Adaptation partielle d’un chapitre de son roman L’Employé, cette version pour la scène a choisi de renforcer les fonctions attribuées d’emblée aux différents personnages, mécanique d’une extension de famille que les lecteurs habitués à son œuvre romanesque connaissent un peu. Chacun parle selon sa fonction et dès qu’il s’agit d’une incertitude chacun se doit de conserver l’aplomb qui est le sien, celui par lequel il est défini. Peu importe qu’une main de noyé s’agite épisodiquement à travers le plancher, le quotidien est l’étoffe de l’aliénation de chaque personnage, le degré d’ignorance ou d’inconscience induisant des questions incongrues.

LE FILS
Il y a cependant une chose que je ne m’explique pas. On m’avait annoncé la mort de mes parents, il y a quatre ans.

LA MERE
En effet, nous avons été grièvement tués dans un accident de chemin de fer. Mais nous nous en sommes remis.

LE FILS
J’en suis très heureux. Et mon père se porte bien ?

LA MERE (désignant le PERE AÎNE)
Toujours en pleine forme. Il est là-haut d’ailleurs, à son travail.

Comme il se doit, chez Sternberg l’esthétique de l’absurde est semblable à celle d’autres créateurs (du théâtre, du dessin animé, du cartoon) et il n’est donc pas étonnant qu’une attaque puisse avoir lieu prochainement dans l’espace même. On évoque le désert, le vent dans le dos, la tempête de sable.

LE PERE CADET
On pourrait installer une montagne d’appartement et se mettre derrière.

LA MERE
Vous n’y pensez pas. C’est déjà tellement encombré.

LE PERE AÎNE
Alors nous aurions pu creuser un abri sous le parquet.

LE FILS
Au moins il vous protégerait de la chaleur.

LA MERE
Un trou dans l’appartement, c’est toujours dangereux pour les enfants.

Il ne faut pas avoir lu des centaines de récits d’anticipation pour comprendre que l’écluse est la métaphore du passage d’un espace-temps à un autre. Le temps du remplissage est celui qui occupe les personnages, ceux et celles qui vivent une vie machinale en rapport avec le dispositif autour duquel ils vivent. Un revolver dans la soupe ou un arc-en-ciel dans cet autre potage, ce sont des éléments significatifs de ce qui ne peut même pas perturber des individus sans éclat. Peut-être existe-t-il des photographies des répétitions de la pièce, il faudrait poser la question à Jean-Baptiste Thierrée. Aujourd’hui, une écluse n’a sans doute plus la même fonction dans l’imaginaire européen, devenue juste une ingénierie du passé pour qu’un bateau à navigation fluviale transporte des touristes à la place des sacs de charbon.

Adapté trop tard à la scène, le théâtre de Jacques Sternberg relève bien de l’Absurde. La malchance a voulu que la radiophonie française ne le sollicite pas (Jean Tardieu, Roland Dubillard et Philippe de Chérisey, André Frédérique, Pierre Dac et Francis Blanche, etc). Détestant trop le théâtre, il s’est tiré une balle dans le pied. Incapable de penser le théâtre du côté théorique, son aversion pour l’usage de la psychologie en a cependant fait un compagnon de route des dramaturges de sa génération, dans la mémoire des farces imaginées par Alfred Jarry et confirmées par Antonin Arthaud et Roger Vitrac.

L’actualité sera peut-être bientôt de son côté, grâce à l’adaptation toute récente de ses parodies épistolaires (Ciné 13, Paris), car ce sont des textes humoristiques conçus dans les années 50, tout comme L’Ecluse. Il est midi moins cinq, insiste un protagoniste. L’heure c’est l’heure, la fonction c’est la fonction. Il faut mettre les aiguilles où il convient sur la pendule. Avant l’heure, ce théâtre est une approche burlesque du fonctionnalisme critiqué de façon plus austère dans les années 80 par les intellectuels. Mais le théâtre de l’Absurde était passé de mode.


Histoire du dessin humoristique depuis 1945

La revue Problèmes était celle de « l’association générale des étudiants en médecine », à Paris, rue du faubourg Saint-Jacques.

En juin1961, le numéro 76 publia ce dossier que propose aujourd’hui Bernard French Keogh : Histoire du dessin humoristique depuis 1945.

Aesculape, autre revue médicale plus fameuse, avait publié des sujets d’importance sur la contre-culture sous la plume de Jean Boullet, Michel Laclos, Roland Villeneuve : le cinéma fantastique, les monstruosités anatomiques, le cannibalisme, etc.

Tout rieur à peine savant sait que le rire est déjà le commencement de la guérison, l’opposé sur le curseur de la terreur (K éditeur avait publié sous la direction de Henri Parisot un mémorable numéro intitulé « de l’humour à la terreur » en 1949) et l’encouragement à vivre un lendemain. Jacques Sternberg a pour sa part contribué à cette historiographie des gags dessinés pour la presse, la presse à grand tirage ou plus confidentielle, en France suite à la découverte de l’humour graphique américain à l’occasion d’une exposition des dessins du New Yorker en 1945 à l’ambassade des Etats-Unis. Jacques Sternberg l’a précisé à plusieurs reprises : ce fut surtout le cartoonist Chas Addams qui lui inspira ses premiers contes brefs d’humour et de terreur. Devenu secrétaire de rédaction de l’hebdomadaire Arts puis rédacteur à part entière sur la science-fiction et la caricature moderne, il signa en 1958 une série d’articles qui suscitèrent quelques vocations : Gébé, Topor, Fred, etc

Ce sont ces pages et celles consacrées au banc d’essai proposé aux jeunes dessinateurs que la revue Problèmes repris un peu plus tard. Sternberg fut sans conteste le premier analyste du renouvellement de cet humour graphique, son premier historien et louangeur. Les prix de l’Humour noir créés par Tristan Maya à Orléans représentaient alors une médaille inversée, sorte d’anti Légion d’honneur. Néanmoins, le rédacteur en chef J.-B. Eggens, contesta cette nouvelle esthétique au nom d’un humour plus populaire, plus confédérateur des individus, en accord avec un long essai d’Alfred Sauvy précédent le texte polémique de J.-B. Eggens qu’il faut relire aujourd’hui pour mieux comprendre les désaccords entre publics et créateurs, le rire « bête et méchant » de l’équipe du magazine Hara-Kiri donnait le change au sourire d’un Jean-Jacques Sempé sans bêtise ni méchanceté. La relecture de cet essai doit se faire en parallèle de celle des articles de Michel Laclos, autre défenseur à l’époque des humoristes dessinateurs ainsi que celle de la monographie de Michel Ragon (dans l’édition publiée chez Fayard en 1960, moins disponible en librairie que la réédition chez Point/Virgule).

En 1968, Jacques Sternberg publie une anthologie consacrée au genre dans la collection des anthologies Planète. Peu à peu, la bande dessinée triomphe et la place manque aux cartoonists, les revues Plexus, Arts, Constellation, cesseront laissant à Lui la possibilité de proposer aux dessinateurs de faire varier leur libido. Pariscope (même groupe de presse à l’époque) se passera des cartoonists qui publiaient en 1966. Bizarre disparaît après le suicide de Chaval et peu de temps avant celui de Bosc.

Lorsque la revue d’exégèse Carton (éditions Jacques Glénat) paraît de 1974 à 1980, ce sont de nouveaux rédacteurs qui analysent l’œuvre de quelques vedettes de la presse illustrée : Chaval, Sempé, Mordillo, Cabu, Tetsu, Serre, Topor, Samivel …

En relisant l’essai de Jacques Sternberg, on constate une fois de plus qu’il fut un précurseur essentiel dans l’historiographie de la culture de genre, du mauvais genre comme on dirait aujourd’hui. Jeunes lecteurs abandonnez votre écran d’ordinateur et découvrez les pages imprimées des gagmen qui ont fait rire ou sourire les curieux de l’insolite.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Décembre 2015


Changement d’équipe,

chers lecteurs, chères lectrices, internautes et cyborg contaminés ou pas encore par le flux océanique chargé de radioactivité produit par Fukushima

il est maintenant l’heure de laisser la place à une nouvelle équipe de rédacteurs

sur cette plate-forme initialement consacrée à l’œuvre de Jacques Sternberg.

Le nom changera peut-être, c’est même souhaitable. La science-fiction française y trouverait son vaisseau pour faire quelques escales ailleurs que dans la stricte actualité. Iconoclaste de nos jours est une variable bien difficile à repérer sur le curseur, mais les idoles exercent toujours leur pouvoir de nuisance même pétrifiées en siècles additionnés face à l’impuissance des archéologues, c’est-à-dire de l’Occident.

La SF pourrait encore proposer des conjectures et des sarcasmes, une futurologie originale et des rêves d’accalmie. L’auteur de 188 contes à régler ciblait les situations à venir à la manière des écrivains et dessinateurs trempés dans l’encre de Hara-Kiri hebdo, en satiriste « bête et méchant », c’est-à-dire en surenchère sur la bêtise et sur la méchanceté des hommes.

Le présent vient de mettre k.o. l’utopie.

Nous laissons donc le fauteuil au commandant spationaute qui vient et lui souhaitons bonne chance à lui et à l’équipage dans la conduite de ce vaisseau du temps jadis capable de poursuivre sa navigation vers d’autres étoiles.


PS : Dans cette ultime édition, quelques nouvelles, plus ou moins récentes, dans ACTUALITE.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter (avant les grandes vacances)- Juin 2015

Nous partons en vacances, pour assez longtemps, d’autres vont venir prochainement nous seconder et même participer plus directement au chantier de valorisation de l’œuvre de Jacques Sternberg.

Qu’on se réjouisse, l’actualité de cette œuvre continue d’être discrète mais réelle, variée, suivie par un nombre restreint de lecteurs capable de faire grossir les rangs.

 

 

Le numéro de la revue Papiers Nickelés du premier trimestre 2015 fait le point sur les collages de l’écrivain, violon d’Ingres périodiquement pratiqué durant les refus d’éditeurs ou pour mieux insister sur la mise en scène de l’Absurde, par confrontations d’improbabilités devenues réalité.
Papiers Nickelés




couverture de Jérôme Zonder

Le prochain numéro de la revue Galaxies vous permettra de passer les examens et le concours d’entrée à l’Ecole Normale ou à Polytechnique après lecture d’un dossier sur la science-fiction de J.S. qui n’est pas tout à fait la S.F. des futurs des technologies avancées mais celle des machines que l’homme ne cesse de faire se détraquer depuis qu’il est homme. C’est l’occasion de se replonger dans les prémisses de ce que les conjectures proposaient dans les années 50 à Paris comme renouveau de la littérature, même si les efforts du groupe d’écrivain promu par la revue Fiction n’a hélas pas eu l’aura dont ont bénéficié les fabricants du Nouveau Roman. C’est comme je vous le dit et dores et déjà, courrez frères humains ou cyborgs égarés ici-bas, et tapez au rideau de fer de votre kiosque préféré, ça fera rudement plaisir au marchand en ces temps de crise de la presse périodique.
Galaxies

En septembre, si vous revenez de vacances et que les requins vous ont laissé vos deux jambes tandis que vous essayez de faire le malin sur un surf au large de l’île de la Réunion, vous passerez dire bonjour au libraire de la rue de la Pompe, dans le 16ème arrondissement de Paris, soit en métro, soit à pied s’il y a grève ou interruption du trafic parce qu’un chômeur s’est jeté sur la voie. La librairie le Tour du Monde, devenue au fil de plus de quarante ans la librairie de Jean-Etienne Huret, vous proposera une sélection de collages du même Jacques Sternberg. Cette exposition complétera votre connaissance du sujet surtout si vous avez raté l’exposition organisée à Bruxelles l’an dernier par Madame Dominique Vautier. Prenez votre tirelire avec vous, des images inédites n’attendent que ça que vous les accrochiez dans votre séjour, ça vous changera de Folon ou Dürer. Vous pourrez aussi entre amis pratiquer la mathématique pour les pataphysiciens, celle qu’aimait l’auteur du Dictionnaire des idées revues, selon laquelle 1+1 = 3

Librairie Huret

Pour finir, l’édition d’un nouvel inédit, Et pourquoi pas? est le résultat d’un patient travail à partir du fond d’archives et tapuscrits donné par la famille à la BNF. Sa lecture ici, dans une version Calameo est cette merveille de la technologie à laquelle l’auteur ne croyait guère au siècle dernier.

 

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Octobre 2014


Sous les obus et durant les enlèvements et exécutions…

Sous les obus tirés par milliers sur la bande de Gaza, c’est à dire sur les populations civiles, les vieillards et les enfants et durant les enlèvements d’occidentaux condamnés à mourir quoique n’ayant pas participé aux tractations lucratives Occident contre Orient et n’ayant eu aucun pouvoir décisionnel, nous nous avons développé nos actions en faveur de la paix, en faveur de la lecture des œuvres de Jacques Sternberg.

C’est peu dire que l’actualité va encore plus vite, aujourd’hui presque à la vitesse des fusées, plus vite que notre saisie sur le clavier de l’ordinateur, cette grand machine à compter plus qu’à écrire.

A Bruxelles, Dominique Vautier a mené à bien un projet rêvé depuis quelques années autour des collages de Sternberg environné d’œuvres des dessinateurs de presse qu’il valorisa aussi longtemps qu’il fut chroniqueur dans la presse.

Cette exposition se situe dans le même espace-temps que celle proposée par Yves Frémion à Paris, à la galerie Glénat, laquelle faisait également une synthèse des cartoonists un peu trop vite oublié au profit des auteurs de bandes dessinées.

Parallèlement, les éditions Cactus inébranlable publient un inédit de Jacques Sternberg la sortie est au fond du couloir, un tapuscrit minutieusement revu et relu par Bernard French Keogh et Eric Dejaeger, préfacé par votre serviteur (préface de Denis Chollet).

Pour le printemps prochain, en 2015, on annonce un dossier et mini anthologie consacré (enfin!) à la science-fiction de Jacques Sternberg rendez-vous parfois manqué et souvent à l’heure, voire à l’anticipation de cette même heure, mais attendons un peu de faire la révision de notre fusée pour en reparler. Quelques surprises donc pour patienter:



Les «contes froids» récupérés par Jean Mertens dans Le Monde de jadis,



Le film réhabilité de Piotr Kamler, La planète verte, pour lequel Jacques Sternberg écrivit l’argument et qui est parmi le meilleur de sa production en la matière, ou en l’antimatière c’est selon.



Le lien a été enregistré sur le site l’Iconoclaste,  rubrique ‘Inventaire/filmographie’.


Isabelle Mette, en charge à la BNF du fond Jacques Sternberg, a publié dans le numéro 46 de la revue de la BNF un article sur les tapuscrits.


Une copie pdf a été enregistrée sur le site l’Iconoclaste, rubrique ‘Analyse/Commentaire’.



Pour votre rentrée scolaire je trouve que ça n’est pas si mal. Evitez de passer entre les obus, qu’on puisse vous retrouver la prochaine fois.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Septembre 2014


la parution en septembre, d’un roman inédit, « la sortie est au fond du couloir », aux éditions Cactus Inébranlable.

La voix de Jacques Sternberg, lors d’un entretien chez France Inter sur "le schlemihl".

Et « Et pourquoi pas ? » roman inédit, sur le site au chapitre des inédits.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Avril 2014


En ce printemps bien ressemblant aux printemps des années précédentes, les arbres commencent à fleurir. En levant la tête on constate que les feuilles des journaux tombent un peu en avance cette année. En les regardant de plus près, quel que soit la date imprimée du quotidien, on lit des reportages qui pourraient être des mini-récits de Sternberg. De la découverte de centaines de nouvelles planètes dont certaines considérées comme « habitable » à la recherche désespérée de boîte d’enregistrement des données de vols d’un avion mystérieusement disparu, nous imaginons « divers faits » comme il nomma lui-même en 1954 quelques-unes de ses créations faussement journalistiques, publiés au sommaire de la très sérieuse N.N.R.F. chez Gallimard.

 

Bien inspiré, Christian Colcombet nous a fait parvenir une collection de chroniques publiées à la fin des années 70 dans Le Monde, dans lesquelles Jacques Sternberg continuait avec délectation ou grincement de dents à rire d’une actualité toujours discutable, toujours contestable. Nous publierons prochainement une anthologie de chroniques sur ce site web qui prouveront si besoin était la présence d’un esprit Hara-Kiri par un écrivain qui avait précédé la naissance de Hara-Kiri. Une exposition à Paris que vous n’avez sans doute pas eu le temps de voir a proposé aux visiteurs les photomontages originaux du célèbre mensuel « bête et méchant » dans lequel Jacques Sternberg fit quelques incursions dans les années 60. Qui dit Hara-Kiri dit Cavanna, qui dit Cavanna dit qu’on meurt un jour ou l’autre. Et en effet Cavanna est mort à la veille de ses 92 ans ce qui n’est déjà pas si mal quand on a longtemps trempé sa plume dans la bêtise et la méchanceté des hommes et des femmes.

Alain Resnais est mort lui aussi, au grand âge. Même si la plupart de ses derniers films ne nous concernaient plus du tout et peut-être même l’ensemble de sa filmographie devenue ennuyeuse, il reste le réalisateur de Je t’aime je t’aime, un long-métrage que tous les admirateurs de Sternberg se doivent de revoir, film majeur sur le temps et les sautes de temps.

Pour d’autres points de vue, il vous faut écouter la longue émission radiophonique Mauvais genre qui lui a été consacrée après son décès.

 

Nous reviendrons bientôt sur le cinéma, sur la cinéphilie et sur les rapports du scénariste avec l’écran. Mais lisons dès à présent ce qu’il écrivait en 1982 de Christine Boisson (sur le site, au chapitre une vie en image – image 18), document retrouvé par Christian Colcombet, et saluons la pensée anticipatrice de celui qui eut « l’œil sauvage » et même les deux yeux. Et pour les internautes que vous êtes, joignons une séquence où évolue Christine Boisson dans ses mouvements de visages, souriant ou ne souriant pas, changeante, véloce ou très lente, est une séquence de Philippe Garel, bien connu des cinéphiles.

 

Dans sa jeunesse, Alain Resnais lisait les fascicules d’Harry Dickson. Il en a filmé quelques fragments pour les besoins de son court-métrage Toute la mémoire du monde. La Bibliothèque de France n’est plus à cette adresse et il y a peu a subit une inondation. Pas complètement inondée, ce qui a permis à notre éditeur et ami Bernard French Keogh de déposer ses palmes et son tuba à l’entrée sans avoir à s’en servir, puis de rejoindre les boîtes où sont rangées les archives Sternberg qui sont, rappelons-le en passant, insubmersibles. Il en a extrait méthodiquement plusieurs récits inédits, dont certains sont déjà mis en ligne ici même et une pièce de théâtre qui mérite d’être lue et qui mériterait d’être mise en scène.

Les clefs tel est le titre de ce théâtre, disons de l’Absurde pour dire trop vite, sur lequel nous revenons dans une préface à cette électronique édition.

 

Saluons également à ceux qui nous suivent, particulièrement à Sandrine Leturcq ou Jean Mertens qui publient sur la page facebook des amis de Jacques Sternberg bien que l’antique Umberto Eco ait trouvé sérieusement à redire sur facebook (sur les ondes de France-Culture ) continuant de souhaiter une bibliothèque universelle plus noble, plus tangible et moins encombrée par les ronces.

 

Vous le savez déjà, ce site est ouvert aux navigateurs iconoclastes.

PS : à voir aussi, sur le site de l’Iconoclaste, au chapitre des inédits , 2 nouvelles séries de collages, tirés des archives de la BNF : Eclairs et Abécédaire (les titres sont apocryphes).

 

Pour finir, une importante annonce, la parution en septembre, d’un roman inédit, « la sortie est au fond du couloir », aux éditions Cactus Inébranlable.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Février 2014


Ombres et scintillements de l’expressionnisme

Une actualité qui ne semble n’avoir aucun rapport avec l’édition des récits inédits de Jacques Sternberg est la publication qui va enchanter les happy few et cinéphiles de toujours du domaine de l’Etrange : la réédition augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique, sous la direction de Nicolas Stanzick et de Michel Caen. Hors il se trouve que le même Jacques Sternberg dont nous nous occupons ici même depuis quelque temps figurait au comité de rédaction de la revue de cinéma aujourd’hui rééditée. Sternberg et Caen ont même fait un peu de route en commun, à Plexus (autre revue mythique des années 60), en redécouvrant les trésors de la bande dessinée (une mémorable anthologie Planète qui date de 1967) et j’en passe. Dans Plexus n°2 de juin-juillet 1966, Sternberg imagine pour ceux qui n’ont pas d’imagination le jeu de devenir « le King Kong de son quartier », activité ludique qui consiste à utiliser la bimbeloterie en produits dérivés du cinéma d’épouvante afin d’en rire sans se déplacer en salle de projection. Activité, insiste-t-il, bien plus saine que de confier des armes et des tanks aux enfants. C’est que m’inspire un moment cette photographie de Barbara Steele proposée dans le dossier de presse aux journalistes, une sérénité ironique diamétralement opposée à l’expressionnisme. La décadence dans la cité occidentale, la prostitution sans espoir, les lumières à travers lesquelles se faufile l’assassin, le réverbère qui va bientôt s’éteindre, les vitres des bars couvertes de buée, le rouge-à-lèvre que l’on devine exagéré quoique l’image soit en noir et blanc… quoique l’écriture ne soit pas une image et pourtant souvent plus puissante et imagée que les photogrammes que ce sont longtemps échangés les amateurs, comme de la drogue inédite passée en contrebande. Nosferatu, Metropolis, King Kong, Dracula, l’expressionnisme de ceux qui fréquentaient la Cinémathèque dans les années 50 est passé par Tod Browning, Cooper et Schoedsak, James Whale. Jean Boullet, Michel Laclos, Ado Kyrou ou Jacques Sternberg n’avaient que faire des films de la Hammer, ayant en eux ancré dans le cerveau leur répertoire de souvenirs vrais ou faux, leurs fantasmes suscités par la vision de ces films fantastiques.

 

 

On lira donc avec attention les récits inédits que notre site propose, à la lumière d’un expressionnisme du début du XX° ou des imitations et inspirations qui ont suivi tout au long du demi-siècle dont nous nous éloignons un peu il faut dire. Mais toutes ces rééditions ou inédits nous invitent à y revenir un temps, comme si le scintillement du film projeté nous faisait revenir très en arrière dans le temps. (cf article dans le bulletin 7).

Dans cette édition du site, deux nouveaux inédits : (cf Inédits).

1 – Le suicide : un des manuscrits refusés. Avec obstination, l’auteur a essayé vainement de les présenter sur les tables doctes des maisons d’éditions parisiennes ou prétendues telles. Une prochaine fois, nous donnerons une analyse de ces autres manuscrits ayant rebuté les comités de lecture, disons déjà que Le Suicide s’imposait facilement parmi les récits du type "existentialistes" qui intègrent des conventions ou des stéréotypes, des Very sad end si l’on veut. 

2 – L’Alphabet : une suite de collage qui vaut pour un défoulement, une occupation potache, des blagues qui font dériver la valeur sémantique des gravures utilisés vers le comique.

 


Le Bulletin du mois propose en outre une analyse sur les inédits, une couverture pour le roman le suicide,




Annonce : La sortie est au fond du couloir, roman inédit de 1949-1950, sera prochainement édité par
Cactus Inébranlable Editions.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Janvier 2014


 

Dans cette livraison, un deuxième inédit, provenant du trésor archivé à la BNF: Inutile  un court roman en 2 chapitres et 16 000 mots, daté de 1948. Les quelques pages qui manquent n’ont pas d’impact sur la compréhension. Les inédits sont maintenant accessibles grâce à « calaméo », qui simule un livre papier sur l’écran, rendant la lecture plus agréable.

La nouvelle précédemment éditée par l’iconoclaste, « le voyageur de commerce », sortira en 2014 dans une édition papier sur les presses d’Eric Dejaeger (voir son blog).





Le site Jacques Sternberg l’Iconoclaste modifie sa page d’accueil : plus d’images pour se recentrer sur les chapitres importants. Le nom des chapitres est inchangé, indiqué par des textes rouges animés : il n’y a plus qu’à cliquer (bulletin, inventaire, analyse, …).

Le reste du site est inchangé.




Bonne lecture.

Bernard French Keogh
L’Iconoclaste

Newsletter – Septembre 2013


L’iconoclaste s’apprête, en accord avec les héritiers, à éditer les inédits laissés par Jacques Sternberg, et déposés à la Bibliothèque Nationale Française.

 

Par anticipation, Jean-Pol Sternberg a écrit la préface de cette activité dans sa biographie Jacques Sternberg ou l’œil sauvage, parue cette année aux éditions L’Age d’Homme. Le chapitre L’Employé et le tourbillon des refus (1946-1953) est significatif de ce que vous allez pouvoir lire sur ce site web.

 

Jacques Sternberg a dactylographié ces inédits entre 1948 et 1953,  dans le but de les faire éditer, sans y parvenir. Il en signale l’existence dans  Mémoires provisoires. Il s’agit de nouvelles, de romans et d’une pièce de théâtre. Les experts trouveront des ressemblances avec des passages dans les œuvres éditées : Jacques Sternberg est totalement présent dans ces textes, et il les a partiellement réutilisés dans ses œuvres publiées. Fait notable, il a conservés ces textes, précieusement, plus de cinquante ans, signe qu’il y tenait tout particulièrement. L’édition posthume est donc parfaitement légitime : en aucun cas il ne s’agit de rebus, de fond de tiroirs.

 

Les inédits ont été transcrits en word, pour la clarté et la facilité de lecture. Nous aidons ainsi la future édition non électronique. Le site L’ iconoclaste n’a pas une notoriété suffisante, et nous souhaitons vivement qu’un éditeur confirmé s’intéresse à ces inédits.

 

La transcription est totalement transparente : il n’y a aucune censure, aucun ajout. Comme il est admis dans ce genre d’opération, j’ai corrigé au minimum, seulement les fautes de frappes évidentes, orthographiques ou grammaticales, ainsi que quelques défauts de ponctuation.

Certains textes sont partiellement incomplets : il manque quelques pages. Les absences sont signalées, aucune ne nuit à la compréhension.

Le plan d’édition (sur 2013 et 2014) suivra l’ordre chronologique des tapuscrits :

·         Le voyageur de commerce, nouvelle (1948, 5 000 mots)

·         Inutile, roman (1948, 16  000 mots)

·         Le suicide, roman (1949, 65 000 mots)

·         La sortie est au fond du couloir, roman (1949-1950, 100 000 mots)

·         Et pourquoi pas, roman (1952-1953, 150 000 mots)

·         Les clefs, pièce de  théâtre (1953, 10 000 mots  )

 

Les inédits indexés à la BNF contiennent aussi des textes manuscrits, plus délicats à transcrire (l’écriture manuscrite de Jacques Sternberg n’est pas facile immédiatement), plus personnels et moins « littéraires » (I.e. non écrit en vue d’une édition), datant de 1943- 1946. Ce sont pour l’essentiel des journaux, des notes, des critiques, des poèmes aussi. Quelques éléments seront proposés au fur et à mesure de la transcription, et pour autant qu’ils aient un intérêt littéraire ou documentaire.

 

La carrière littéraire de Jacques Sternberg a été riche et longue. Cette édition n’est pas une revanche posthume, plutôt la correction d’une injustice engendrée par la timidité des éditeurs de l’époque. Il était logique que le site L’iconoclaste fasse la première démarche pour une édition électronique.

 

Et maintenant, chers lecteurs, lectrices et internautes, voici : Le voyageur de commerce, (sur le site dans le nouveau chapitre « Inédits »), nouvelle d’environ 5000 mots, datant de 1948.

Bonne lecture

Bernard French Keogh
L’Iconoclaste

Newsletter – Juillet 2013

 

Feuilles de route

La parution de la biographie de Lionel Marek va grandement satisfaire les lecteurs éclairés de l’œuvre de Jacques Sternberg, tout comme ceux et celles qui la découvre. Cette biographie devient tout naturellement l’actualité du site web qui lui aussi tente d’enrichir l’exégèse (chapitre ACTUALITE  la longue vue d’un fils , ainsi qu’un entretien avec Lionel Marek, au même endroit). Le temps d’une reconnaissance d’un œuvre littéraire est venu et l’on peut espérer sans fausses illusions que les  rééditions bien diffusées en librairie seront d’ici peu accessible au plus grand nombre. Les romans parus chez Albin Michel ont été numérisés et sans doute accessible sur e-book.

 

En cette période d’adaptation du roman de Boris Vian, L’Ecume des jours, un film comme celui de Michel Gondry peut lui aussi aider les nouveaux lecteurs de Sternberg à découvrir l’univers restitué à travers le nonsense et les gags qui est celui de L’Employé (éd. de Minuit). L’un des chapitres éliminé à la parution à la demande de l’éditeur, a fait l’objet d’une première publication dans la revue de cinéma Positif,  puis dans le roman Attention Planète habitée (éd Le Terrain Vague). Le voici à nouveau sur le site web (chapitre DOCUMENTATION/Reproduction , au paragraphe Attention Planète habitée).

 

Des inédits parviennent jusqu’à nous, fruit d’une sérieuse collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France où sont déposées les archives de l’écrivain. Il s’agit surtout de proses refusées par les éditeurs, les tapuscrits des romans édités sont introuvables. C’est donc une nouvelle étape que nous vous proposons, celle de la découverte des inédits sur lesquels nous reviendront bientôt. Telles sont vos feuilles de route pour cet Été 2013.

Denis Chollet L’Iconoclaste

Newsletter – Février 2013


Quoi de neuf dans cette lettre, puisque l’on dit newsletter ?

Une réponse très technique et docte à l’interrogation de Antoine Adam, lecteur scrupuleux des contes, et des amis du Club souhaitant se repérer dans les sommaires des recueils, d’éviter les doubles, les triples, les nième rééditions sous un titre ou un autre. Une réponse signée Bernard French Keogh qui n’a pas été ingénieur pour rien dans sa vie, cette fois sa science est au service de la lecture documentée et du repérage de l’origine des récits de Jacques Sternberg (voir Analyse/commentaire/la réédition dans les contes)

 

De Belgique, l’ami Eric Dejaeger nous fait parvenir un texte rare du début de carrière, signé Jacques Bert, qui devrait intriguer ou surprendre les lecteurs assidus de La Géométrie… Le langage parlé adapté au récit littéraire n’était pas là le meilleur de l’écrivain qui bifurqua heureusement vers ce qui sera son esthétique. (voir Documentation/reproduction/au fond d’un bois)

 

Enfin, grâce à ma découverte en retard d’un bel album consacré au VéloSolex, il était opportun de revenir sur les moments de joie et de tragi-comédie provoqués par ce vélomoteur inséparable de l’histoire des 30 glorieuses et personnage à part entière dans l’œuvre de J.S. Le bulletin du Club lui a ouvert ses pages électroniques, lui qui a mieux connu les soubresauts de l’électromécanique. (voir bulletin N°6, février 2013)

 

Et voilà, une lettre qui vaut mieux que toutes celles que peuvent vous écrire l’assureur, l’huissier, le général des armées ou le ministre de la santé.

 

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Janvier 2013


·         la biographie conçue par Jean-Pol Sternberg sort en février 2013

·         la publication d’une introduction générale à l’œuvre de l’auteur de La géométrie dans l’impossible sous le titre "un absent très présent" est en préparation ; la série de rubriques est enrichie

·         encore un cadeau de Eric Dejaeger : au fond d’un bois, signé Jacques Bert, édité le 15 janvier 1945 par la revue le Thyrse, numéro 1 de la 47ième année.

·         un article plein de chiffres sur la réédition dans les recueils de contes de Jacques Sternberg.

 

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Novembre 2012


En cette automne pluvieux et à l’approche du jour des morts, l’actualité est occupée par les vivants. 2013 devrait être l’année de la biographie conçue par Jean-Pol Sternberg. Elle sera également l’année de la publication d’une introduction générale à l’œuvre de l’auteur de La géométrie dans l’impossible sous le titre “un absent très présent” et dont nous proposons ici ( voir site , à la rubrique  itinéraire/un absent très présent) une première série de rubriques. Faisant suite aux dernières rééditions dans l’actualité éditoriale belge francophone (Mijade) ainsi qu’aux approches savantes de Sandrine Leturcq sur le concept de terreur chez J.S., ces ouvrages devraient enfin permettre de valoriser un écrivain encore inégalement connu. 

C’est un beau cadeau que nous fait Eric Dejaeger en nous proposant cette édition rare du “petit précis de l’histoire du futur”, (voir site , à la rubrique documentation/reproduction) en autoédition comme l’est celle des contes et gags ou aphorismes publiés par nous sous le titre “trafic de cadavres”. On pourra comparer l’édition originale de cette conjecture avec celles éditées par Fiction ou dans la collection Présence du futur ou avec la dernière mouture dans le recueil 188 contes à régler.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Juin 2012


Trouvaille d’Eric Dejaeger, un inédit de JS ; PRÉMICES, Saint-Quentin, 1996, avec 7 contes brefs, et un collage de Jacques Sternberg pour la couverture :

Les prémices, La panne, L’infini, La déception, La foi, La prière, Les parasites

Jacques Sternberg à la radio, dans l’émission de France Culture « lecture du soir » : André Dussollier lit « la rencontre » de Jacques Sternberg le 3/4/2012, et la géométrie dans l’impossible (extrait) le 23/3/2012

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Janvier 2012


Chers adhérents et internautes,

Pas un jour sans que l’actualité orientée par les agences de presse ne soit celle qui est la matière première de l’écrivain moderne. Des bombes, des catastrophes et des discours mensongers, pourrait-on résumer. C’est à peine si la nouvelle du rachat du groupe Flammarion était aussi de cette actualité que les professionnels du livre ont reçu au moment du Salon du même nom, porte de Versailles. Albin Michel a sérieusement envisagé le rachat. Francis Esménard s’en est expliqué. Les auteurs sont absents des pourparlers, très au-dessous du tiroir-caisse nécessaire pour une telle opération bancaire. Pierre Assouline, dans Le Monde du vendredi 16 mars 2012, a commenté le rapport que vient de publier la SCAM selon lequel le flou sur la reddition des comptes est significatif. Tout ceci aurait eu de quoi enrichir les sarcasmes de Jacques Sternberg, lui qui ne perdait pas une occasion de  rager dans sa chronique mensuelle du Magazine Littéraire. Il aurait certainement ironisé sur la numérisation de plusieurs de ses romans (édités par Albin Michel) et la possibilité par l’internaute de consulter le PDF de chacun des titres plus difficiles à se procurer en librairie. De quoi maintenir sa terreur originelle. Le vocable terreur qu’il suggérait de retenir à la place de celui de Terre, planète mieux qualifiée ainsi (in Le dictionnaire du Mépris, 1973).

Sandrine Leturcq, essayiste, a choisi de situer sa réflexion sur la terreur en partant des recueils de contes brefs. Certains récits sont néanmoins mis à l’écart de cette analyse qui emprunte sa méthodologie à l’université, rassemblés dans Histoires à dormir sans vous et Histoires à mourir de vous. Des précisions dans la terminologie seront à nouveau discutées à l’occasion de futures  discussions publiques espérons-le pour œuvre de J.S. Je suis d’accord avec Jean-Pol Sternberg sur la dénomination « glacé » comme attitude distante vis à vis de la chose horrifique après avoir ressenti celle-ci. « Glacé de peur » serait au contraire de nature indicible. On n’écrit pas dans l’accès de fièvre, préciserait Henri Michaux.

Pour l’heure, nous avons posé quelques questions à Sandrine Leturcq afin d’éclairer la parution récente de cet essai aux éditions de L’Harmattan (*)

Une autre analyse originale est celle de Jean Mertens, analyse d’une poétique de la prose à partir d’une relecture de L’Anonyme. Erotisme et jazz y sont convoqués pour notre plus grande curiosité dans cette mise en forme assez convaincante. Cet essai est consultable sur le blog de Jean Mertens.  (**)

En ce printemps 2012 où les noyaux de cerises seront encore plus chers que le fruit, cette récolte n’est déjà pas mal. A bientôt sous le soleil de la fin de l’été.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

* à lire sur le site jacquessterneberg.com, dans le chapitre Analyses/commentaires
** lien sur le site jacquessterneberg.com, dans le chapitre Analyses/commentaires

Newsletter – Septembre 2011


Les feuilles d’automne ne sont pas encore plaquées contre nos vitres que d’autres feuilles, imprimées et aux nervures invisibles, viennent nous rappeler que l’œuvre de Jacques Sternberg est bien dans sa phase de réhabilitation. D’abord par l’effort considérable que demande la mise en place informatique de l’indexation des contes en recueils ou en publications périodiques. Bernard French Keogh, Eric Dejaeger et moi-même avons progressé, en comparaison d’une précédente indexation qui avait déjà le mérite de proposer un état avancé du recensement.

C’est encore autour des contes que Sandrine Leturcq s’exprime, à travers un essai analytique (voir aussi sa participation dans le bulletin de septembre). L’ouvrage vient de paraître cet été en librairie chez L’Harmattan, sous-titré « Une esthétique de la terreur ». C’est en quelque sorte un retour à la case départ, celle sur laquelle a débuté Jacques Sternberg après la guerre à travers l’écriture constante de récits entre le rire et l’effroi. C’est aussi grâce à l’essai de Sandrine Leturcq, la consécration des approches universitaires  dues à de jeunes femmes étudiantes, conduites dès le milieu des années 70, dont certaines – celles que nous avons repéré, sont mentionnées sur le site L’ICONOCLASTE. En parallèle de cet essai qui sera commenté dans la prochaine édition, j’avance quelques remarques sur les contes brefs de Jacques Sternberg publiés en revues littéraires dans les années 50.

C’est enfin un coup de chapeau aux initiateurs de deux groupes autour de l’œuvre, animés par ceux et celles qu’on appelle « amis » sur Facebook et qui ressemblent comme des frères et sœurs à ceux et celles qui généraient un fanclub il y a près de 50 ans. Joli mot dont la fortune appartient à la sociologie des regroupements enthousiastes et qui  aujourd’hui fonctionne de la même façon via la télétransmission dite « la toile ». Rien de nouveau alors ? Si dans la possibilité d’accélérer les informations transmises entre membres, non sur la nature des informations ou les humeurs qu’elles font naître chez les « amis ». Nous travaillons à ce que les amateurs de l’œuvre de Jacques Sternberg, ceux qui aiment l’œuvre, puissent amplifier leur besoin de s’exprimer. J’ai d’ailleurs idée que les éditeurs sont en retard sur les internautes, tout comme les parlementaires le sont, ces derniers n’utilisant pas la toile tandis que leurs éventuels électeurs sont en France à plus de 20 millions ! J’ajoute que Jacques Sternberg était très conscient de cette situation dès le début 2000, lorsqu’il me parlait du regain des fanzines électroniques dans lesquels la science-fiction est discutée avec vigueur.

Newsletter – Juin 2011


Réunion des membres du Club des amis au Centre Wallonie Bruxelles

   

La dernière édition du Salon du Livre de Paris, au cours duquel les littératures nordiques étaient à l’honneur et où le ministre de la culture a essayé de faire bonne figure en un discours qui ne confondait pas Ibsen et Selma Lagerloff, les conspirateurs qui se retrouvent chaque année à cette date ont prolongé une réunion au centre Wallonie Bruxelles le samedi 19 mars 2011.

Le thème de la soirée, outre qu’il s’agissait bien de la Belgique – Liège ville impertinente, le tournant des années 70 – avait largement de quoi réunir les membres du Club des amis de Jacques Sternberg. Ils furent là et leurs proches également. Yves Frémion avait eu l’intelligence de convier Jean-Pierre Bouyxou, Laurent Chollet, Jacques Vallet aux côtés des auteurs d’un livre essentiel sur la question liégeoise : Jean-Marie Klinkenberg, Nancy Delhalle et Jacques Dubois. Willem dessinait sous une caméra renvoyant son graphisme sur grand écran mais non sous caméra de surveillance, ça va de soi.

Plus tard, après quelques exégèses nécessaires aux jeunes cervelles pour comprendre des mécanismes de la contestation en province, en province européenne, la fine fleur des sternberghiens s’est retrouvée autour de vins et de charcuterie bien faits pour libérer la parole. Bernard French Keogh était heureux car il savait que sa newsletter était en fabrication, par anticipation, qu’il irait la semaine suivante entendre le non moins sternberghien Eric De Jaeger (sa très riche bibliographie illustrée, rubrique inventaire, a été mise à jour) en ce même lieu de hautes Wallonie et dérision.

Coup du sort, c’est Yves Frémion qui dirige la publication « Papiers nickelés » et c’est dans le numéro 28 de cet an 2011 que paraît un article définitif « Jacques Sternberg et Jean Gourmelin » signé Denis Chollet, article qui a fortement ému Monsieur et Madame Gourmelin. Avez-vous pensé à renouveler votre abonnement à « Papiers nickelés » afin que nous soyons encore là l’an prochain ? Un club, vous l’avez compris, ça sert à autre chose qu’à préparer des élections que le candidat va perdre lamentablement !

Pour les curieux, les bibliophiles, les maniaques et surtout ceux qui n’ont pas le pognon pour les acheter le club vous propose un manuscrit et une autoédition. Il s’agit du premier chapitre de ce qui deviendra quelques années plus tard L’Employé, avec des variations typographiques qui suivent parfois les mouvements de la pensée de l’auteur, des sursauts de l’écriture. Quand à l’autoédition elle est la première intention d’une publication en recueil de récits brefs et celle également d’un dictionnaire des mots ou des phrases révisés. Deux reproductions qui vont avoir les faveurs des nouveaux amateurs qui font connaissance avec l’œuvre. Au rayon Actualité, allez voir ce que Benoît Chrétien réalise à partir des textes de Jacques Sternberg (entre autre).

Newsletter – Janvier 2011


Chers adhérents et internautes,
Cette fois encore les contacts avec les exégètes ou amateurs de l’œuvre de Jacques Sternberg se multiplient. C’est de la Belgique surtout que nous parviennent les saluts les plus chaleureux, les marques d’enthousiasme les plus affirmées. Saluons à notre tour ces arrivants les mains pleines de cadeaux, de propositions, de cartes pour le Nouveau Monde. Eric Dejaeger nous a confié sa belle tentative de bibliographie illustrée, lui qui s’est pris de passion pour les couvertures souvent rares des éditions en langues étrangères. Il rejoint les administrateurs de ce club. Jean-Pol Sternberg nous propose une indispensable chronologie qui servira de référence à tout futur exégète et aussi à ceux qui ont déjà des lacunes.
Bernard French Keogh reprend avec la patience de la fourmi une indexation inachevée des récits courts. Le bulletin est un hommage à Olga Georges-Picot, interprète inoubliable du film « Je t’aime, je t’aime », qui a mis fin à ses jours en 1997. On a retrouvé la première tentative critique de Jean-Pierre Andrevon sur ce film d’Alain Resnais, parue dans le numéro 4 de Horizons du Fantastique que vous n’avez peut-être pas sous la main, vous pouvez nous remercier vous qui cherchez tout ce qui a paru en 1968 afin de mesurer les soubresauts d’une prochaine révolte. Quelques documents rares, également, sur Gébé, dessinateur et écrivain, découvert à ses débuts dans Arts en 1961 par J.S. Les férus de sociologie de la littérature auront, eux, une bonne occasion de constater les chiffres et la variété d’éditeurs de J.S. à défaut des chiffres de vente. Enfin, remercions ceux et celles qui nous rejoignent et viennent grossir les rangs de ce club décidé à être dynamique et à soutenir toutes les actions des éditeurs comme celles des metteurs en scène ou en ondes. Bienvenue donc à Jean Mertens, Sandrine Leturcq, Benoît Chrétien, Christian Colcombet.

Denis Chollet
L’Iconoclaste

Newsletter – Novembre 2010


Chers adhérents et internautes,

 

Nous venons à peine de passer le jour des morts. Les saints auraient bien voulu retenir quelques uns d’entre nous, mais ce sera pour plus tard. N’est-ce pas en cette période que le Grand prix de l’humour noir créé en 1954 est remis à ceux qui n’ont pas démérité dans une certaine façon de faire rire ?

Ce mois-ci de nouveaux rendez-vous avec l’auteur de La Géométrie dans l’impossible. Une actualité pour qui a encore assez de curiosité pour l’appréhender se fait autour des Contes glacés, dont une traduction en langue espagnole due l’écrivain Eduardo Berti paraît. Bonne occasion pour risquer un premier commentaire sur ce media caractéristique de la littérature moderne, je veux parler du récit court.

L’approche bibliographique, filmographique, théâtrale, est détaillée au mieux des informations collectées à diverses sources.

Des extraits d’enregistrements sonores inédits sont disponible dès ce nouveau numéro : une discussion publique au centre du Botanique, Bruxelles (1989), entre Baronian, Kümel et Sternberg ;des extraits d’entretiens avec Denis Chollet à Paris (1985).

De nouveaux témoignages sont également en ligne, ceux de Jean-Pierre Miquel, Jean-Pierre Andrevon, Piotr Kamler, Harry Kümel.

Voici aussi une lecture de l’œuvre par de Philippe Lemaire (Phil Fax) animateur émérite de la Nouvelle Revue Moderne.

Je commence plusieurs feuilletons pour répondre à votre impatience : l’historiographie du collage en France après-guerre (Sternberg, Cornaille, Curval…), celle des anthologies Planète qui fut une grande aventure du côté des lecteurs sinon du côté de quelques spécialistes.

Et de nouvelles rubriques enrichissent l’interface utilisateur : ADMIRATIONS avec un salut à Jean Ray ainsi que LA VIE LITTERAIRE qui tente de rendre compte d’ambiances par la presse critique à différentes périodes de l’œuvre de Jacques Sternberg.

Notre prochain rendez-vous est fixé à Mars 2011.

D’ici là n’hésitez pas à nous envoyer des fleurs séchées ou fraichement cueillies.

 

Denis Chollet
L’Iconoclaste