En l’honneur du 5e anniversaire de la mort de Jacques Sternberg le 11 octobre 2011
On meurt deux fois. La première fois de sa vraie mort, biologique, inéluctable, celle qui aura été le thème central, obsessionnel, de toute l’œuvre de Jacques Sternberg, terrifié à l’idée de mourir. La seconde, c’est lorsqu’on tombe dans l’oubli, quand notre nom n’évoque plus rien à ceux qui restent. Et cette deuxième mort peut être tout aussi effrayante pour un artiste, notamment pour un écrivain tel que Jacques Sternberg, si ce n’est davantage, que la première, car cela signifie qu’on ne le lit plus, que son œuvre après lui s’est éteinte elle aussi, pas plus durable que l’airain. Alors que faire ? Pour les éditeurs, rééditer ses œuvres : c’est ce qu’ont fait dernièrement Albin Michel, Mijade, La Table ronde et les éditions de La dernière goutte. Pour ceux qui ont eu la chance de côtoyer Jacques Sternberg : continuer à parler de lui, écrire sa biographie. Et puis ? Pour ses lecteurs qui, comme moi, l’estiment, il reste une possibilité, celle de favoriser la communication autour de ses textes, de jouer le rôle de passeur culturel auprès des non-initiés. Enfin, comme cela ne suffisait pas, est née l’idée de cet essai qui disséquerait son œuvre toujours vivante, pour en faire miroiter les entrailles, desquelles, d’un coup de scalpel, jaillit l’absurdité de notre condition humaine. Sternberg avait beau dire t’es rien », conscient de sa propre finitude de terrien, ce conteur intarissable de la terreur quotidienne n’a pas fini de faire parler de lui…
Sandrine Leturcq
Jacques Sternberg : une esthétique de la terreur
L’Harmattan (2011)